Retrouvé [Neutre, privé Alessia]

Deux mois après la naissance d'Enzo, le couple vivait dans un bonheur toujours aussi total. Le bébé grandissait bien, et était vraiment adorable. Rien ne préparait Edwin à ce qui allait se passer. Son passé allait ressurgir d'une manière inattendue et douloureuse. Et il risquait fort d'avoir bien du mal à retrouver une vie normale après cela.

Alessia avait Enzo dans les bras et le calinait alors qu'elle était allée se chercher un verre d'eau. Le bébé était souriant à souhait et il s'épanouissait entourait d'amour. Sa mère attendait le retour d'Edwin avec impatience comme tout les soirs.

Edwin rentra, détruit. Il ne savait pas comment les soldats avaient retrouvé sa trace, mais à présent, il était à nouveau recherché pour le double meurtre des traîtres. Il devait fuir, mais il y avait son épouse et leur bébé. Il avait peur de les laisser derrière lui, il ne savait pas comment faire. D'un autre côté, il ne pouvait pas vadrouiller avec Enzo. A peine rentré, il fila préparer quelques affaires. Il devait faire vite, avant qu'on ne le trouve.

Alessia fut étonné qu'Edwin ne vienne pas les voir comme d'habitude. Elle monta voir ce qu'il faisait, et fut très étonné de le voir préparer des affaires.
"Edwin ?"
Elle le regarda sans comprendre, Enzo dans les bras;
"Qu'est ce que tu fais ?"

"Il faut que je parte. D'urgence."
Edwin se retourna vers elle, et vit son air interloqué et inquiet.
"Je dois partir seul."
Il s'approcha d'elle et l'embrassa.
"Je ne pensais pas que ça finirait comme ça. Je voulais enterrer mon passé, mais il m'a rattrapé."

Alessia ne comprenait pas.
"Partir seul ? Mais nous ?"
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne voulait pas. Elle plongea son regard dans le sien.
"Qu'est ce qu'il se passe ? Dit moi !"

"Je vais partir pour quelques temps. Je reviendrai dès que possible. Si des gens viennent ici, ne fais rien qui vous mette en danger, toi et Enzo."
Edwin lui déposa un baiser sur le front.
"Je t'aime. Je reviendrai dès que je peux. Ne t'inquiète pas."
Il la serra contre lui.
"Ne doute pas de moi, quoi qu'on te dise. Je t'en prie. Il faudra que je te parle de tout ça... Mais plus tard."
Il fit un baiser sur le front d'Enzo.
"Je t'aime mon bébé."

Alessia lui attrapa le poignet.
"Mais j'ai besoin de toi."
Elle se serra contre lui.
"Je ne comprends rien, Edwin. Pourquoi est ce que tu dois partir ? Qui va dire du mal de toi ?"
Elle plongea un regard triste dans le sien. Elle ne pleurait même pas tant elle était choquée.

"Ca a un rapport avec ma cicatrice dans le dos."
Edwin se sentait mal. Il ne voulait pas la laisser ainsi. Il avait peur qu'elle le déteste.
"J'ai fait quelque chose il y a quelques années, qui m'a valu des ennuis graves. J'y ai échappé, mais visiblement, ça me rattrape. Personne ne croit en mon innocence. Je dois fuir."
Il lui déposa un baiser sur le front et alla fermer son balluchon.
"Je reviendrai. Je ne vous abandonnerai pas. J'emporte un peu d'argent, garde précieusement le reste."

"Je ne peux pas rester seule avec lui... Qu'est ce qu'on va devenir sans toi."
Elle le regarda, incapable de bouger.
"Dit moi ce qu'il s'est passé... Je ne veux pas rester sans savoir."
Alessia chercha une réponse dans ses yeux. Enzo commença à s'agiter et à chouiner.

"Ne me déteste pas..."
Edwin eut un sourire triste, puis il l'embrassa une dernière fois, et dévala les escaliers. Il devait encore prendre quelques vivres, et seller son cheval avant de partir. Si on le coinçait, c'en était fini de lui. Il était mort. Et il voulait vivre. Pour Alessia et Enzo. Et peut-être pour les enfants qu'ils auraient dans l'avenir.

Alessia resta bête, et les larmes se pressèrent près de ses yeux. Elle descendit l'escalier alors qu'Edwin finissait de prendre des vivres.
"Je ne te detesterais jamais..."
Elle eut un sourire triste et le regarda faire, une boule dans la gorge.
"Je veux que tu fasses attention à toi. Tu as assez de cicatrices comme ça."

"Promis."
Edwin l'embrassa encore une fois. Il était prêt, à présent.
"Si on t'interroge, dis tout ce que tu sais. Ne leur cache rien. Ils savent que tu es mon épouse. Je ne veux pas qu'ils vous fassent du mal pour m'atteindre."
Il caressa la joue de son fils, qui pleurnichait un peu.
"Sois sage avec ta maman, petit bout."
Puis, il sortit.

Alessia ne savait pas quoi faire. Elle avait peur pour lui, peur de ce qu'il lui disait, ça ne la rassurait pas du tout. Elle le laissa partir. La jeune femme serra doucement Enzo contre elle. Pourquoi fallait-il qu'on vienne gacher leur bonheur ? Elle soupira et embrassa doucement le visage de son fils. Elle posa son front contre le sien.
"Papa aurait dû nous parler de tout..."

Edwin avait le coeur lourd en quittant le village. Mais il était certain d'une chose. Il devait trouver un endroit où ils pourraient reconstruire leur vie, en sécurité, dans un autre Royaume. Faire transporter leurs biens ne serait pas facile, mais il lui restait des contacts. Quand il viendrait chercher son épouse et leur enfant, ces contacts en question pourraient ramener leurs biens dans leur nouveau domicile. Pour l'heure, il devait trouver le lieu adéquat, acheter une maison convenable, et remonter son échoppe et son aire d'entraînement.

Plusieurs jours passèrent, où Alessia se lamenta beaucoup. Elle avait peur. Un jour, on toqua à la porte, et elle alla ouvrir. Derrière, des soldats étaient là.
"Bonjour madame."
Alessia avait tout le temps Enzo dans les bras. Elle aimait l'avoir contre elle. La jeune femme s'inquiéta un peu de voir ces hommes.
"Nous voudrions vous poser quelques questions sur votre époux. Ne cherchez pas à nous mentir."
La jeune femme se tendit, et même si elle aurait voulu leur claquer la porte au nez, elle les fit entrer, ils étaient trois, et elle leur servit même à boire, après avoir couché Enzo dans son couffin.
"Est ce que vous savez où il est parti ?"
La jeune mère se contenta de secouer négativement la tête. Elle n'en avait aucune idée.
"Il vous a surment bien berné, votre époux est un tueur. Il a assassiné deux hauts dirigeants d'Enkediev. Il nous a echappé longuetemps, mais maintenant que nous avons sa trace, nous n'allons pas le laisser filer."
Alessia n'en laissa rien paraitre, mais les paroles des soldats lui faisaient enormement de mal.
"C'est un homme respectable... Il gagne honetement sa vie et aide les villageois..."
L'un des soldats haussa un sourcil.
"Même en ayant les mains tachées de sang ?"
Il eut un rictus et se leva.
"Il vous a autant menti que nous, vous ne semblez rien savoir. Nous allons vous laisser. Bonne journée."
Ils sortirent, laissant Alessia sous le choc. Edwin, avait tué des gens ? Mais est ce que ce n'était pas comme pour son père, pour déffendre quelqu'un ? Elle garda ses question pour elle et alla trouver refuge chez Dan pour toute la fin de journée. Elle avait besoin de compagnie.

Environ un mois après son départ, Edwin revint. Sa situation était assez stable pour qu'il puisse emmener sa famille avec lui, loin de tout ça. Il voulait voir son fils grandir en sécurité. Il avait avec lui des mercenaires avec des chariots pour transporter leurs biens. Ils seraient rapides. Pour l'heure, ils se tenaient en retrait, prêts à agir au signal de leur chef, un ami de longue date d'Edwin. Le jeune homme alla chez lui, et ne trouva personne. Aux rumeurs, il comprit qu'elle était chez Dan, et soi-disant, qu'elle était à nouveau en couple avec lui. Cela lui fit mal. Il avait confiance en elle, pensant qu'elle le croirait innocent. Dans le doute, il alla chez Dan, et donna aux mercenaires le signal de charger les chariots.

Alessia passait ses journées chez Dan, mais elle dormait chez elle. Lorsqu'on toqua à la porte, Dan alla ouvrir. C'était chez lui après tout. Il fut plus que surpris de voir Edwin derrière la porte. Il l'invita immédiatement à entrer et alla chercher Alessia.
"Il y a quelqu'un pour toi. Je pense que tu vas être contente."
Enzo dormait dans son couffin près de sa mère. Quand Alessia vie Edwin, elle crut qu'elle allait sauter au plafond. Elle se jeta à son cou en pleurant.
"Tu es revenu !"

Edwin sentit son coeur se réchauffer. Ce qu'il avait entendu n'étaient rien que des ragots de bonne femme. Il l'embrassa.
"Pardon..."
Il la serra contre lui, comme s'il avait peur qu'elle s'évapore. Elle lui avait tellement manqué.
"Pardon..."
Il ferma les yeux, retenant lui aussi une envie de pleurer. Il caressa doucement le dos de son épouse, puis la questionna. Il voulait voir son fils.
"Où est Enzo?"

Alessia lui adressa un petit sourire.
"Là, dans le couffin, vient."
Elle lui prit la main et l'emmena. Elle le laissa le prendre dans ses bras. Il avait bien grandit en un mois. Dan les observait en souriant. Il était heureux de savoir Alessia avec celui qu'elle aimait. Il n'avait aucune rancune en lui.
"J'avais besoin de compagnie, je suis venue voir Dan tout les jours."
Elle savait pour les rumeurs, mais elle préférait enlever tout malentendu.

Edwin adressa un signe de tête à Dan.
"Merci d'avoir pris soin d'eux."
"Il n'y a pas de quoi."
Le jeune homme reporta son attention sur son fils, qui se réveillait dans ses bras. Il fit une mimique adorable et bâilla. Puis, son regard endormi se fixa sur son père, alors que son corps était encore mou et engourdi de sommeil. Attendri, Edwin sourit.
"Qu'est-ce qu'il a grandi... Et il s'est alourdi, aussi."

"Vu ce qu'il englouti ça n'a rien d'étonnant."
Alessia eut un petit rire et caressa doucement la joue d'Edwin.
"On rentre chez nous ?"
Elle voulait être au calme rien qu'avec lui.

"Pas exactement."
Edwin garda son fils contre lui. Il le laissa se caler confortablement contre son torse et replonger dans le sommeil.
"Je vais tout t'expliquer. Mais on ne rentrera pas chez nous, en Fal. Des hommes qui sont avec moi sont en train de vider la maison, pour tout emmener dans notre nouvelle demeure, à Jade. Je vais vendre cette maison."
Il était un peu gêné, car elle ne verrait plus Dan. Il leur faudrait voyager pour se voir, à l'un comme à l'autre. Ce n'était pas exclu, mais ce serait rare.

"ah..."
Alessia baissa un peu le regard.
"Enzo est encore petit pour voyager. Tu es sûr que ce n'est pas dangereux pour lui ?"
Elle regarda finalement Dan.
"On se reverra, c'est promis."
Elle alla étreindre Dan amicalement. Elle était désolée si elle rendait Edwin jaloux, mais pour tout dire, là, elle s'en fichait. Elle lui posa un baiser sur la joue.
"On pourra s'envoyer des lettres dans le pire des cas."
Alessia le relacha et regarda Edwin.
"On y va ?"

Edwin acquiesça. Il alla serrer la main de Dan.
"Ne prends pas de risque inconsidéré si on te questionne. Et tu seras toujours le bienvenu chez nous."
"Je viendrai vous voir, promis."
Le jeune homme sourit à son ancien rival, puis ils sortirent. Tout en marchant, il expliqua à voix basse à sa compagne ce qui lui valait ce traitement.
"Il y a quelques années, j'étais soldat d'élite de l'armée du Roi. Un homme riche, puissant et influent. Cependant, j'ai réussi à mettre à jour un complot. Deux hommes très puissants et bien vus de la cour étaient des espions de l'Empire Noir. J'ai dû les tuer, mais il y a eu trop de témoins. Malheureusement, on ne m'a pas cru, et je suis devenu un fugitif, un hors la loi. J'ai été condamné à mort. J'ai dû fuir et faire croire à ma mort pour m'en sortir, mais d'une violente altercation qui m'a en effet pratiquement tué, j'ai récolté cette cicatrice dans le dos."
Il enveloppa un peu le bébé dans sa cape, pour ne pas qu'il aie froid. Les nuits étaient souvent glaciales.
"Avant cela, j'avais une maîtresse, de basse condition, une servante. Nous nous aimions, l'un et l'autre, mais je devais lui cacher certaines choses en rapport avec ma profession. Un jour, elle est venue me dire qu'elle me quittait, lasse de mes cachotteries, et qu'elle avait quelqu'un d'autre dans sa vie. J'ai cru à un homme, alors qu'en réalité, elle attendait notre enfant, et ne voulait pas qu'on le prenne pour un bâtard, ce qu'il était d'ailleurs. Je m'en suis rendu compte tard, ne voyant ma fille que de très loin, regrettant mon passé. Mais pour elle, j'étais mort. Elle avait trouvé le bonheur avec un autre homme, et je ne pouvais pas le lui enlever."