Triste réalité [neutre, privé Edwin]

Alessia c'était purgée de l'enfant depuis maintenant deux mois. Elle avait malgré la situation eut du mal à accepter de tuer ce bébé. Plus les mois passaient, plus elle se rendait compte que ses sentiments étaient fort. Elle avait remis les pieds chez elle une ou deux fois, mais elle avait avoué à Edwin qu'elle n'avait pas réussi à fermer l'oeil, tant elle avait peur là bas, seule à présent. Elle logait donc chez lui à temps complet. Elle ne le trouvait pas d'ailleurs. Inquiète, elle était sortie pour le chercher, et on lui avait assuré qu'on l'avait vu dans la taverne du village. Elle s'y rendit donc.

Edwin avait retrouvé une de ses amies à la taverne. En effet, elle venait de perdre son unique enfant suite aux fièvres, alors que son époux était déjà mort quelques années auparavant. Elle avait besoin de soutien, car elle ne pensait plus qu'à mourir.
"Mourir n'est pas une solution, tu sais?"
"Qu'est-ce que tu veux que je fasse encore? J'ai perdu tous ceux que j'aimais!"
Elle éclata en sanglots, et se jeta dans ses bras. Le jeune homme la serra fort contre lui, pour la réconforter. Il se sentait impuissant face à sa situation. Et il comprenait ce qu'elle ressentait.

Alessia poussa la porte du batiment et entra timidement. Elle n'allait jamais dans les tavernes. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle reconnu Edwin, qui tenait etroitement contre lui une jeune femme, qui semblait d'ailleurs très belle, meme si elle avait le visage appuyé contre sa poitrine. Son coeur de serra douloureusement. Elle était amoureuse, mais elle ne pourrait jamais prétendre à une place de compagne dans la maison. Elle ne pouvait vraiment pas.

Edwin n'avait d'abord pas vu Alessia. Il était trop occupé à réconforter son amie.
"Ca va s'arranger. Il faut que tu sois forte."
"J'ai tout perdu..."
"Je suis là pour t'aider, si tu en as besoin."
"Tu es gentil..."
Elle eut un timide sourire en redressant le visage vers lui, et elle lui déposa un baiser sur le menton. Ce fut à ce moment-là que le jeune homme vit Alessia, figée sur le pas de la porte, et qui lui lançait un regard noir.

La jeune femme tourna les talons et s'en fut. Malgrés son regard sur, et noir, elle était bléssée au plus profond de son coeur. Elle retourna chez Edwin sans attendre. Elle avait terriblement envie de partir, definitivement, mais sa peur de chez elle l'en empéchait. Elle avait envi de pleurer, mais elle se retint bravement. Elle prépara le repas pour se changer les idées. Elle n'y toucherai probablement meme pas, ayant l'appetit coupé.

Edwin ne pouvait pas partir maintenant. Résigné et perplexe, il resta assis à réconforter la jeune femme. Il ne rentra que bien plus tard, et il trouva Alessia en train de lui faire la tête.
"J'ai fait quelque chose de mal?"
Voyant qu'elle ne répondait pas, il secoua la tête.
"Je vois..."

Alessia servit le repas, dans le plus grand silence. Elle prit place à table, puis le regarda enfin.
"Tu aurais put me le dire..."
Elle prit un bouchée et la macha longuement.

"Te dire quoi?"
Edwin croisa les bras et la considéra longuement.
"Je n'ai rien fait de mal, que je sache. Qu'est-ce que tu as à me reprocher?"
Il jeta un oeil à son assiette, mais n'y toucha pas pour le moment.

"Que tu étais en couple..."
Elle reposa sa cuillère et le regarda.
"... Et que je n'étais là que pour satisfaire tes désirs sexuels."
Alessia se mordit doucement la lèvre.

Edwin serra le poing sur la table.
"Mes désirs sexuels? Elle est bonne celle là!"
Il se releva brutalement, et eut du mal à retenir une grimace tant sa cicatrice le lança.
"Je n'aime pas coucher pour le simple plaisir charnel. J'aspire à des vrais sentiments. Mais tout ça, comme le fait d'avoir des enfants, c'est fini. C'est du passé. Avant, j'avais une compagne aimante, et je n'ai pas pu voir grandir ma fille!"
Il se tut. Il en avait trop dit en révélant un passé qui appartenait à une autre identité, celle qui était la sienne au départ.

Alessia se fit toute petite.
"Tu ne m'avais jamais rien dit..."
Elle ferma les yeux, laissant s'échaper une unique larme.
"Quand j'ai commencé à coucher avec toi, je pouvais sentir ton desespoir. Tout ton être criait à la destruction."
Elle plongea son regard dans son assiette.
"Tu vis tellement dans le passé que tu n'as meme pas prété attention à mes sentiments à ton égard..."

Edwin secoua la tête.
"Mon coeur lui appartient toujours. Mais oublie ça. Je n'aurais pas dû en parler."
Il avait compris ce qu'elle ressentait pour lui, à son comportement et à ce qu'elle lui avait dit. Il repoussa sa chaise en arrière, et quitta la table.
"Je n'ai pas faim."
Il s'éloigna d'un pas raide, craignant presque que sa blessure ne se soit rouverte. Il avait mal, et raviver ses souvenirs les plus douloureux ne lui était pas bénéfique.

Alessia le laissa partir et se chargea de débarasser la table. Elle fit la vaiselle, rangea la cuisine. Elle avait le coeur lourd, et sans pleurer, elle avait des sanglots forts. Elle remua longuement ses paroles, et se força au calme, avant d'aller le voir. Il était allé s'allonger dans son lit, la nuit était là. Elle toqua doucement et entrouvrit la porte.
"Excuse moi pour mon comportement, je me suis melée de ce qui ne me regarde pas, et puis je n'avais aucun droit de..."
*prétendre à ton amour.*
"Si tu veux me parler, en amis, je suis là, n'hésite pas. Bonne nuit."
Elle tira doucement la porte pour la refermer. Elle se sentait mal, et son coeur était en miettes.

"C'était une amie."
Edwin était immobile dans le lit, et fixait le plafond. Il tenait un mouchoir ensanglanté contre sa blessure rouverte. Ce n'était pas profond, simplement la peau plus fine de la cicatrice qui s'était déchirée à son mouvement brusque.
"Dans la taverne. C'était une amie à moi. Son enfant vient de mourir de la fièvre. Il n'avait que trois ans."
Il laissa planer un silence. Trois ans. Environ l'âge de sa propre fille, qu'il n'avait pu apercevoir que de très loin.

Alessia resta immobile. Le fait que ce ne soit qu'une amie lui réchauffait le coeur, mais malgré tout, elle eut une petite pointe de tristesse en pensant qu'elle aussi avait perdu des enfants, avant la naissance. Les perdre après devait être une expérience encore plus traumatisante.
"Je suis désolée..."
Elle ne ferma pas la porte, et resta sur le pas un moment. Finalement, elle rouvirt timidement et alla s'asseoir sur le coin du lit. C'est la qu'elle fit attention au mouchoir plein de sang. Elle se releva vivement.
"Ta blessure ! Il faut la guérisseuse !"

"C'est bon, calme-toi."
Edwin tenait toujours fermement le mouchoir contre la plaie.
"Ce n'est rien, c'est juste la cicatrice qui s'est rouverte. Pas de quoi en faire un plat."
Il se redressa sur un coude, et souleva le mouchoir pour observer la blessure. La peau était proprement déchirée.

Alessia observa en grimaçant. Il devait souffrir.
"C'est encore à cause de moi que tu t'es rouvert..."
Elle baissa un peu les yeux et se rassit sur le lit.
"Tout à l'heure, tu as dit que tu n'aimais pas avoir de simple relations charnelles... Tu aurais du me le dire, j'aurais arreté de venir tu sais..."

Edwin secoua la tête.
"Je n'ai pas non plus couché avec toi à contrecoeur."
Il ferma les yeux. Cela l'aidait à supporter la douleur. Sa plaie le brûlait, mais il devait stopper le saignement.
"Ce que j'ai dit avant, au sujet de mon ancienne famille... Il vaut mieux que tu l'oublies. Je n'aurai pas dû en parler."

Alessia secoua négativement la tête.
"Si tu en parles, meme sur un coup de tête, c'est que ton coeur est lourd."
Elle hésita, puis l'aida à tenir le mouchoir, pour qu'il puisse allongé sans etre tordu.
"Je vais t'aider."
Elle resta immobile et ne le regarda pas.
"Si je peux t'aider en partageant ta douleur, je le ferais sans hésiter."

"Alessia, tout ce qui m'arrive, je le mérite. C'est de ma faute si j'ai tout perdu. Je n'avais pas le droit de gâcher leur bonheur, c'est tout."
Edwin se sentit subitement en colère contre lui. Il ne devait pas révéler son passé, ni qui il était.
"Oublie ça. Je ne veux pas en parler. Je ne dois pas en parler."
Il reprit le mouchoir pour s'en occuper lui-même.
"Si tu pouvais me passer l'alcool..."

"Oui, tiens."
Alessia le lui donna, et l'observa sans comprendre sa réaction si vive.
"Je ne voulais pas t'embeter."
Elle regarda la porte. Il fallait peut etre qu'elle le laisse un peu tranquille.
"Je vais me coucher, si tu as un problème, appelle."
La jeune femme se dirigea vers la porte et sortit. Elle alla dans sa chambre et s'endormie finalement. Cependant, elle dormit très mal, et se reveilla aux aurores le matin. Sachant qu'il n'avait rien avalé le soir, elle prépare un copieux petit déjeuner à Edwin, et alla lui apporter dans sa chambre sur un plateau. Elle se fit discrète pour ne pas le reveiller, mais elle se rendit compte qu'il l'observait.
"Bonjour..."
Elle se jugea un peu.
"Ta jambe va mieux ? Je t'ai préparer un petit déjeuner."

"Ca ne saigne plus."
Edwin évitait cependant les gestes brusques. Il ne voulait rien risquer.
"Tu dois faire ta vie avec un homme, tu sais. Tu désires avoir un enfant... Ne t'attache pas à moi. Je ne suis même plus capable de concevoir."
Il secoua la tête avec humeur.

Alessia secoua doucement la tête.
"Je crois que c'est trop tard et que je me suis déjà attachée à toi."
Elle soupira légérement, et tira la chaise pour s'y asseoir.
"Et puis quoi que tu dises, je ne suis pas capable de me trouver un compagnon. JE ne connais personne, et je ne sais pas comment rencontrer des gens."
Elle plongea son regard dans le sien et se redressa. Elle prit le plateau et lui posa à côté, et lui adressa un petit sourire triste.
"MAis j'ai compris que tu ne voulais pas de moi, ne t'en fais pas. Je n'en parlerai plus."

Edwin l'observa en silence un moment. Puis, il se pencha vers elle, et lui expliqua le fond de sa pensée avec patience.
"Admettons que nous puissions vivre en couple, tous les deux. Même dans cette hypothèse. Tu serais condamnée à ne jamais devenir mère. Je suis devenu stérile, tu comprends ce que ça veut dire?"
Il se laissa aller contre ses oreillers, et soupira.
"Non, même si tes sentiments à mon égard étaient réciproques, tu gâcherais ta vie avec moi."

Alessia agrandi un peu son sourire, il devint narquois.
"Comment est ce que tu peux savoir que je gacherai ma vie avec toi, meme si tu es stérile."
Elle le regarda sans plier.
"Je suis déjà passée par dessus beaucoup de chose. Je suis prete à ne pas avoir d'enfants pour être avec l'homme que j'aime."
Elle soupira légérement.
"Mais tu l'as dit, tu ne partage pas mes sentiments... Alors il va falloir que... Je reste seule."