Le passé destructeur [neutre, privé Edwin]

Alessia s'était doucement remise de sa fausse couche. Trois mois s'étaient écoulé. Les lettres de son frère réchauffaient le coeur de la jeune femme. Son fils allait bien et grandissait encore en devenant un beau jeune garçon. Ce soir là, Alessia rentrait de chez Edwin. Elle poussa la porte de sa maison et alla se préparer quelque chose à grignoter. Après avoir mangé, quelqu'un toqua à la porte. Ne se doutant de rien, la jeune femme alla ouvrir malgré l'heure. En reconnaissant son père derrière la porte, elle chercha à la fermer en vain. Son père poussa la porte et entra. Il était grand et musclé. Il avait à peine plus de la quarantaine. Il l'atrappa par le cou et la souleva du sol.
"C'est fou ce que tu ressembles à ta trainée de mère."
Alessia tenait la main de son père dans les siennes pour le faire lacher. Il la reposa finalement et fit le tour de la maison.
"Tu as essayé de me fuir avec ton idiot de frère... Tu as l'air de gagner ta vie correctement. C'est une maison quand même que tu as. Où est ce que tu travailles ?"
La jeune femme garda le silence. Elle était térorisée.
"Peu importe ! Tu me rapporteras ta paye..."

Le lendemain matin, Edwin trouva que la jeune femme avait l'air mal. Il songea que les rumeurs devaient en être la cause. Partout dans le village, on traitait la jeune femme de "traînée du maître d'armes", on disait qu'elle couchait pour obtenir plus d'argent, et qu'enfin elle s'était retrouvé grosse du jeune homme, avant de faire la fausse couche qui l'avait laissée affaiblie. Ces rumeurs hérissaient Edwin au plus haut point.
"Tu sais, tu ne dois pas faire attention à ces rumeurs idiotes."

Alessia était un peu distraite. Elle releva la tête vers Edwin.
"Je sais. Ca ne fait pas plaisir à entendre, mais je fini par m'y faire."
Elle soupira douloureusement, ce qui lui arrivait rarement. Cette histoire lui passait au dessus de la tête pour le moment. Son père l'inquiétait enormement.
"Est ce que je pourrais partir plus tard aujourd'hui ?"

Edwin la regarda, surpris.
"Plus tard? Plus tôt, non?"
La voyant secouer la tête, il fut un peu pris au dépourvu.
"Comme tu veux. Tu peux aussi rester pour la nuit si tu veux. Sans qu'on couche, évidemment, ce n'est pas pour cela que je propose."

"Je dois rentrer ce soir, mais j'ai envie de finir correctement ce que j'ai fait dans la maison aujourd'hui."
Elle lui adressa un sourire completement faux et continua à frotter le sol, là où une tache se faisait voir. Le soir arriva bien vite, et Alessia hésita à rentrer chez elle. La nuit était déjà là.
"A demain Edwin, bonne soirée."
Elle traina en chemin jusqu'à arriver chez elle. Là, son père était ivre mort. Il y avait une odeur de vomit dans la maison, elle eut un haut le coeur. Le père se leva en chancelant et alla attraper sa fille par les cheveux. Rick la regarda à travers le brouillard de ses yeux.
"Tu es encore plus belle qu'avant Adelle."
Alessia ouvrit de grands yeux.
"Non, je suis Alessia père, pas Adelle, tu as tué maman !"
L'enorme poing de l'homme alla s'écraser près de l'oeil de sa fille.
"Tu as toujours été folle Adelle. aller vient !"
Alessia resista, mais le poing s'abatti à nouveau sur elle, au niveau de son ventre, la faisant tomber à genoux.
"Tu vas me faire plaisir, vient."
La jeune femme se laissa trainer au sol, elle avait mal et ses idées n'étaient plus clair. Une fois sur le lit, il la déshabilla et fit son affaire, faisant perdre connaissance à Alessia.

Quand Edwin vit Alessia venir chez lui en arborant des traces de coups, il se hérissa. Il était encore un soldat au fond de lui, et son instinct le trompait rarement.
"Qui t'a fait ça?"
Il se tenait planté devant la jeune femme, qui ne répondait pas. Il l'attrapa par les épaules et planta son regard clair dans le sien.
"Qui?"

Alessia avait teriblement honte. Elle était souillée et humiliée. Elle posa ses main sur les siennes.
"Je..."
La jeune femme qui habituellement était souriante semblait completement anéanti. Elle se colla contre lui et se mit à sangloter. Elle se sentait horriblement mal.
"Mon père..."

"Ton père?"
Edwin la laissa s'épancher contre lui. Elle en avait besoin. Il n'osait pas trop la toucher, ne sachant pas si elle était blessée.
"Viens."
Il l'emmena dans sa chambre où il la déshabilla en douceur. Une fois qu'elle fut nue, il l'examina attentivement. Son coeur se serra et s'enflamma de colère en même temps. Elle portait les traces de nombreux coups, partout sur le corps. Alessia était la gentillesse même. Faire preuve d'une telle cruauté à son égard était impardonnable.
"Si tu me racontais?"

Chose qu'elle n'avait jamais fait devant Edwin, elle chercha à cacher sa nudité. Finalement, elle tira le draps sur elle et s'enroula dedans. Elle n'osait meme pas le regarder.
"Mon père a toujours été violent, il a..."
La jeune femme se remit à pleurer sans pouvoir s'arreter.
"... tué ma mère sous nos yeux en la battant."
Elle serra les dents.
"Il est venu chez moi pour me battre à mon tour et prendre mon argent..."
*Et bien pire...*

Edwin resta pétrifié, et blême de rage.
"Tout va s'arranger. Tu vas rester ici ce soir. Je vais m'en occuper."
Il vint s'asseoir près d'elle, et posa la main sur son dos. Il lui tendit ses vêtements. Elle tremblait comme une feuille.
"Tu m'as vraiment tout dit? Pourtant, ton intimité m'a eu l'air tout aussi malmenée..."
Il la soupçonnait de s'être fait violer. Il n'avait pas vu grand-chose, mais le geste qu'elle avait eu était éloquent.

Alessia resta silencieuse à sa remarque. Elle n'était pas prete à en parler, pas encore. Ce qu'elle avait vécu été tout ce qu'il y a de plus horrible pour une jeune femme.
"Qu'est ce que tu vas faire ?"
Elle plongea son regard dans le sien.

Edwin ne répondit pas.
"Sois tranquille."
Il chercha à croiser son regard. Il avait besoin de savoir quelques petites choses.
"Alessia, je sais que c'est difficile. Mais tu dois me dire s'il était sous le coup de l'alcool, ou s'il est réellement mauvais. Et combien de fois il a abusé de toi."

Alessia lui prit la main, et la serra dans le sienne, sans le regarder.
"Il est fou, et il hallucine quand il boit, comme hier soir, il m'a pris pour ma mère, et..."
Sa gorge se noua, c'était humiliant.
"Il m'a frappé, partout, jusqu'au sang, j'ai perdu connaissance une fois nue, je ne..."
Elle ramena ses jambes à elle.
"Je ne me souviens de rien après..."

Edwin garda le silence, puis se leva.
"Tu es en sécurité ici. Je vais partir travailler, toi ne sors pas de la maison."
Il lui adressa un regard apaisant.
"Je vais régler ça ce soir."

Alessia plongea son regard dans le sien et ne lui lacha pas la main, se sentant en sécurité en sa présence.
"Qu'est ce que tu vas faire ?"
Elle ne voulait pas le lacher. Elle voyait qu'il était enervé.
"Ne fais pas de choses qui pourrait te porter atteinte..."

"Ne t'inquiète pas pour moi. Je ne veux plus qu'il te touche."
Edwin retira doucement sa main de la sienne, et lui adressa un sourire rassurant.
"J'irai chercher la guérisseuse également, pour qu'elle s'occupe de toi."
Il quitta la pièce.
"Reste ici, en sûreté."

Alessia n'arrivait pas à dormir. Elle attendit le retour d'Edwin. En l'entendant, elle descendit l'escalier à toute vitesse.
"Je me suis fait du souci, tu..."
Elle se figea en la voyant. Elle s'approcha rapidement.
"Qu'est ce qu'il s'est passé, qu'est ce que tu as fait ?"
Elle alla l'aider à aller jusqu'au divan au moins.

"Il ne va plus te maltraiter. Je l'ai tué."
Edwin sentait sa blessure s'ouvrir un peu plus à chaque pas. Il serrait les dents pour ne pas gémir de douleur. La plaie était profonde. Plus qu'il ne le pensait.
"Ca passera, ne t'en fais pas. Mais il faudra attendre demain pour la guérisseuse."
Il ferma les yeux.
"Apporte-moi l'alcool."

"Tu ne peux pas rester comme ça jusqu'à demain. Tu te seras vidé de ton sang."
Elle alla cependant chercher l'alcool et lui donna, ainsi qu'un linge propre.
"Je vais chercher la guérisseuse, ne bouge pas."
Alessia était pétrifiée devant tant de sang.
"Tu n'aurais pas dû te salir les mains pour lui..."
Elle eut un gémissement plaintif et alla mettre son manteau.

"Si tu sors comme ça, on va croire que je t'ai battue..."
Edwin ne put retenir un cri étouffé de douleur quand il appliqua l'alcool sur sa blessure. Il resta haletant, puis il écarta un peu ses vêtements imbibés de sang. Même pour un ancien soldat comme lui, la blessure restait impressionnante. De plus, elle ne cessait de saigner, ce qui n'était pas engageant.
"Alessia..."
Mais elle était déjà partie.

Alessia courut jusqu'au village. Elle ne voulait pas qu'il arrive malheur à Edwin. Elle s'empressa d'aller toquer chez la guérisseuse qui s'alarma de la voir dans cet état.
"Je vous en prie, je sais qu'il est tard, mais il faut à tout prit que vous veniez soigner Edwin le marchand d'armes."
La guérisseuse l'observa un instant.
"Et vous ? C'est lui qui vous a fait ça ?"
"Non, il est bon avec moi. Ce n'est pas lui, un fou dans la rue m'a tabassé et violé, je vous en prie, il faut faire vite."
Après de courte explication, la guérisseuse et elle prirent la route de la maison d'Edwin.

Edwin souffrait en silence, assis sur le divan. Il tenait toujours un linge pressé contre sa blessure, mais le sang ne cessait pas de couler. La guérisseuse arriva bientôt, avec Alessia. Il la laissa l'examiner tout en levant les yeux vers la jeune femme.
"Tu n'aurais pas dû..."
"Bien sûr qu'elle devait! Vous avez vu dans quel état vous êtes?"

Alessia laissa la guérisseuse faire son affaire. Elle alla faire chauffer de l'eau et lui apporter des linges pour nettoyer correctement la plaie.
"Tenez. C'est ce que vous m'avez demandé."
"Merci."
La jeune femme alla prendre une serpière pour éponger le sang qu'il avait mis dans la maison. De cette manière, elle s'inquiétait un peu moins.