Les problèmes commencent [neutre, privé Maes]

La petite famille avait beaucoup voyagé. La nuit était là, et Méline stoppa son cheval.
"Maes arrete toi !"
La jeune femme serra doucement Lana contre elle. La petite avait été calme depuis le début du voyage malgré son rythme de vie chamboulé. Cependant, sa mère s'inquiétait.
"Lana tremble."
Elle lui posa un baiser sur le front, elle était bouillante.

Maes s'approcha.
"Eh bien, qu'est-ce qu'il se passe?"
Il regarda le bébé. La lune les éclairait d'une lumière blafarde, mais qui leur permettait de voir. Pelotonnée contre sa mère, Lana tremblait comme une feuille. La pluie était tombée sans arrêt deux jours durant. Il était probable qu'elle ait pris froid.

Méline caressa doucement les cheveux de sa fille.
"Je crois qu'elle a de la fièvre."
La jeune femme redressa un peu Lana.
"On devrait peut être s'arreter dans une auberge ce soir, et rester au calme avec elle une journée..."
Elle caressa doucement la petite joue de son bébé.
"C'est la pluie et le vent... On ne peut pas continuer..."

Maes regarda autour de lui.
"Nous sommes loin de tout, et la pluie s'est arrêtée. On doit continuer un moment, au moins pour trouver une auberge."
Il remit sa jument au pas. Ils ne pouvaient qu'avancer.
"Tu es sûre qu'elle n'a pas juste chaud contre toi?"

Méline fit avancer son cheval.
"Non, elle grelotte."
La jeune femme commençait à avoir un peu peur.
"Je vais la coller contre moi."
Elle le mit dans son haut meme si elle était chaude.
"On va s'arreter ma chérie."

Lana se mit à chouiner. Elle se sentait mal et comptait sur sa mère pour faire quelque chose.
"Ca ne sert à rien qu'elle pleure. Elle va juste se fatiguer."
Maes était occupé à trouver son chemin dans le noir. Il avait besoin de calme.
"On y arrivera au plus vite."

Méline avait les mains froides, elle en posa une sur le front de sa fille pour la soulager un peu. La petite se calma légérement meme si elle chouinait toujours. Maléa était décédée après de lourdes et longues fièvres... Tout ça lui rappelait de très mauvais souvenirs.
"Il reste encore longtemps avant le prochain village ?"

"Il fait nuit je te rappelle. J'ai un peu de mal à me repérer. Mais il me semble que ce n'est pas loin."
Maes se retourna sur sa selle et la regarda.
"Inutile de te mettre dans cet état, ça ne doit être qu'une petite fièvre. Elle ne va pas en mourir!"
Il n'avait pas pensé que ses paroles pouvaient être de trop pour Méline.

"Maes !"
Méline venait de hausser le ton, la gorge nouée. Lana se mit à pleurer doucement ayant eu peur.
"Non, calme toi ma belle."
C'en fut effectivement trop pour Méline qui se mit à sangloter doucement en serrant Lana dans ses bras comme si elle allait disparaitre. Maes n'avait pas été là quand Maléa l'avait quitté.

Maes ferma les yeux et lâcha un soupir.
"Quoi encore?"
Il fit faire demi-tour à sa jument.
"Pourquoi est-ce que tu pleures maintenant?"

"Tu ne te rends même pas compte de ce que tu dis..."
Méline eut un nouveau sanglot. Son coeur se serra douloureusement.
"Maléa... est morte en tombant malade, avec de fortes fièvres... Alors..."
Ses pleures s'intensifièrent un peu. Elle préféra ne pas terminer, ayant trop peur que le scénario soit le même pour Lana. Elle pressa les flancs de son cheval qui prit le pas, elle baissa la tête, ne voulant pas croiser le regard de Maes, anxieuse et triste, ayant remué de douloureux souvenirs.
"Il ne faut pas perdre de temps."

"Comme si nous en perdions..."
Maes reprit la tête, et chercha à nouveau sa route. Il n'aimait pas voir son aimée sangloter en silence, en serrant le bébé contre elle. Cela lui donnait l'impression qu'elle était condamnée.
"Peut-être encore une bonne heure de chevauchée avant un village."
Il venait de retrouver un point de repère.

Méline préféra ne rien dire. La lune éclairait la route. Elle fit prendre le trot à son hongre. Elle voulait arriver rapidement. Elle n'était pas rassurée. Après plusieurs minutes, elle sentit la petite se remettre à trembler fort. Elle lui reposa de nouveau une main sur le front pour faire baisser la fièvre.
"Ce serait peut etre bien d'aller voir une guérisseuse..."

Pour couronner le tout, de gros nuages étaient apparus, rendant le trajet difficile. Maes voyait moins bien, et la pluie finit par se mettre à tomber.
"Je ne peux pas faire apparaître de guérisseuse. Il faudra attendre un village."
Il se retourna à demi sur sa selle.
"Tiens-la au chaud."

"Oui."
Méline mit la petite à l'intérieur de son haut, au chaud contre sa peau, mais pour qu'elle puisse respirer librement. Ils durent faire repasser les chevaux au pas.
"Ca va aller ma belle. Ca va aller."
La petite n'avait pas réclamé de tétée depuis un moment, elle ne devait pas en avoir envie pour le moment, mais il ne fallait pas que ça dure.

Le temps passa, et la pluie continuait de tomber dru. Le sol était collant sous les sabots des chevaux, mais le couple ne ralentissait pas l'allure pour autant. Tous étaient trempés jusqu'aux os. Maes estima finalement qu'ils ne devaient plus être très loin d'un village. Il s'approcha de sa compagne.
"Comment est-elle?"
Il ne voyait pas Lana, qui était toujours réfugiée dans les vêtements trempés de sa mère.

"Mal."
Méline devait parler fort pour couvrir le bruit de la pluie sur la route.
"Mes vetements même en dessous, ils ne sont pas trempé, mais humides, ça ne la tient plus au chaud. Mais je crois qu'elle n'est pas encore trempé elle."
La jeune femme se pencha un peu en avant pour pouvoir regarder sa fille sans qu'elle ne soit trempé. La petite avait la main agrippée sur le haut de sa mère et avait les yeux clos, mais elle chouinait. Elle ne devait pas se sentir bien.

Finalement, les chaumières d'un villages apparurent, ombres imposantes au milieu de la nuit. Des chandelles brillaient à certaines fenêtres, et Maes retint un soupir de soulagement en voyant une auberge. Il fit obliquer sa jument fatiguée dans cette direction.
"Encore quelques petits jours, deux au plus, et nous serons chez nous."
Ils furent tous heureux de s'abriter du déluge. Mais ce n'était que partie remise: ils devaient encore payer leur chambre et aller demander une guérisseuse. Après avoir laissé leurs bêtes fatiguées et mouillées à un garçon d'écurie bouffi de sommeil, ils retournèrent sous la pluie, le temps d'entrer dans le bâtiment. Après avoir agité la clochette sur le comptoir du bar, un homme apparut.
"Il nous faudrait une chambre pour la nuit. Et une guérisseuse, d'urgence."
L'aubergiste leur donna la clé en échange d'une somme plus que raisonnable, puis leur assura qu'on irait quérir la guérisseuse pour eux. Il avait vu le bébé, et se doutait qu'elle ne supporterait plus la pluie. Il envoya son fils, un adolescent efflanqué au visage constellé de taches de rousseur, la chercher. Quant aux voyageurs, ils rejoignirent leur chambre, épuisés et glacés jusqu'aux os. La femme de l'aubergiste leur faisait chauffer de l'eau, et l'homme leur apporta un grand baquet dans lequel ils auraient la place de se coucher pour leur bain chaud.

Méline déshabilla la petite et la sécha bien. On leur apporta en plus du grand baquet, une bassine déjà remplie d'eau tiede.
"Je pense que ça sera bien pour la petite." Ajouta le maitre des lieu avant de se rediriger vers la porte.
"La guérisseuse devrait arriver."
La jeune femme glissa doucement Lana dans l'eau. La petite tremblait et semblait épuisée. Il fallait qu'elle se réchauffe et que sa fièvre baisse.
"On verra se que dira la guérisseuse..."

Méline alla étendre les affaires de la petite près du poele.
"On va l'envelopper dans une couverture et lui mettre un linge froid sur le front."
La jeune femme récupéra la petite et la mit dans la couverture avec des langes un peu plus sec que les autres. Peu de temps après, on toqua à la porte, il y avait une femme d'un certain age, et elle était un peu mouillé, mais moins qu'eux.
"Je suis la guérisseuse. Il semble que vous ayez besoin de moi."
Méline lui montra la petite et expliqua rapidement son état.

Maes s'était réfugié près du feu de cheminée, afin d'avoir un peu de chaleur. Il ne quittait pas la guérisseuse des yeux alors qu'elle auscultait la petite.
"Elle a énormément de fièvre... C'est mauvais. Si cela ne baisse pas vite, ou pire, si elle continue de monter, vous allez la perdre."
Le jeune homme se tendit, et son regard glissa vers Méline. Il ne fallait surtout pas que leur petite fille meure. Elle ne le supporterait pas. Et lui non plus.

La gorge de Méline se noua un peu, et elle acquiesça, les yeux brillants. Elle retenait bravement ses larmes.
"Des linges humides, ça suffira ?"
La guérisseuse osculta bien la petite.
"Il faut qu'elle mange, et qu'elle soit au chaud, tout en lui mettant des linges humides sur le front et les bras."
La guérisseuse sembla hésiter.
"Je vais vous donner quelques plantes, mais elle est vraiment petite. Si sa fièvre descend, ne lui donnait pas. Si elle monte, mettait lui sous forme de patte sur les gencives pendant la tétée."

Quand la guérisseuse partit finalement, après de longues explications, un détail des remèdes qu'elle leur donnait, et une démonstration de la façon dont ils devaient s'y prendre, Maes s'approcha du grand lit sur lequel était couchée la petite. Pas de berceau pour elle cette fois, elle devrait dormir avec ses parents. Doucement, le jeune homme lui caressa la tête. La sueur de la fièvre collait le fin duvet de cheveux de jais du bébé contre son crâne, et sa peau était encore brûlante. Il eut un vague sourire.
"Dors ma puce. Tu es bien assez fatiguée..."
Il lui effleura le front d'un baiser, puis la laissa tranquille, bien au chaud.

Méline laissa la petite sous les draps et se déshabilla avant de se glisser dans l'eau bouillante qu'avait ammené la femme du tenancier pendant que la guérisseuse était là. Elle eut un soupir fatigué.
"J'aurais dû mieux m'en occuper, il avait raison en disant que j'étais une mauvaise mère..."
Elle faisait référence au propos de son époux après son accouchement. Elle se laissa glisser pour avoir la tête sous l'eau, pour qu'on ne voit pas qu'elle pleure. Elle y resta plusieurs longues secondes.