L'héritière [neutre, privé Maes]

Finalement, la porte s'ouvrit. En tant que valet, Maes devait s'y trouver, cela n'avait rien d'étrange.
"Allez appeler monseigneur, et dites-lui que tout s'est bien passé."
Le jeune homme acquiesça, puis partit chercher son maître. Il mourrait d'envie de voir sa fille, mais ce serait difficile. Il commençait à paniquer un peu, n'ayant toujours pas trouvé leur nouveau domicile.

Pendant que l'accoucheuse s'occupait d'osculter la petite et de la nettoyer un peu, la guérisseuse s'occupa de Méline, vérifiant que l'accouchement ne l'avait pas bléssé, mais tout allait bien. La jeune mère put récuperer sa fille et la serrer doucement dans ses bras avant de lui donner le sein. Avant que son mari ne revienne, elle glissa un belle pièce dans la main de chaqune des femmes.
"Ne le dites pas à mon époux. Je vous remercie de vous être occupé de moi."
Les deux femmes glissèrent les pièces dans leur poche et rangèrent leur materiel avant de sortir pour laisser la mère avec son époux. Maes entra lui aussi, mais resta près de la porte. Le mari entra dans la pièce et regarda le bébé.
"Alors voilà notre héritier enfin parmis nous !"
Sa grosse voix fort géné la petite qui se mit à chouiner.
"Calme le. Tu es sa mère, tu dois savoir faire ça, non ?"
Méline berça doucement sa fille, mais l"homme dérangeait le calme.
"C'est une petite fille."
Même si il essaya de le cacher, on pouvait voir qu'il n'était pas ravi.
"Et bien fait LA taire bon sang ! Tu ne sais pas t'occuper des bébés ?"
"Si, bien sur que je sais mais tu..."
"Tu as perdu un enfant je crois, je ne me demande plus pourquoi... On mettra celle là en nourrice. Tu n'es pas une mère très douée."
Il se releva et sortit, laissant une méline choqué et au bord des larmes.

Maes s'assura que le noble était bien parti avant d'aller auprès de la jeune femme.
"Oublie ce qu'il a dit. Ce n'est qu'un idiot."
Il sourit, attendri devant la bouille adorable de leur fille.
"Encore une fille, hein? Elle ressemble à sa soeur... Peut-être qu'elle est encore plus belle."
Il lui caressa doucement la joue.
"Il faut lui trouver un nom."

Méline se passa une main sur les yeux pour empecher les larmes de s'y précipiter.
"Oui, un joli nom..."
La jeune femme calma rapidement la petite qui se remir à téter avec lenteur. Elle observa son père avec attention. Elle devait connaitre sa voix à lui aussi.
"Elle est calme quand toi tu es là..."
Elle ne put retenir un sourire.
"Liwaë... ou Lola... Je ne sais pas, tu as des idées ?"

"J'aime bien Lana. Ou Maëlle."
Maes caressa doucement le ventre de sa fille. Le cordon coupé était soigneusement bandé.
"On essaiera de trouver un échappatoire. Pour l'heure, tenez bon."
Il embrassa doucement la jeune femme.
"Comment tu te sens?"

"J'aime beaucoup les deux prénoms. Je te laisse le soin de décider."
Elle se laissa faire en souriant, puis eu un petit rire.
"Sale et fatiguée..."
Méline le regarda avec amour.
"Tu peux fermer la porte à clef s'il te plait. Je n'ai vraiment pas envie que l'on me dérange. Je rêve de prendre un bain."
Elle eut un sourire d'excuse.
"Tu peux t'en occuper mon coeur ?"

"Normalement, ce serait à ta femme de chambre de faire ça. Pas à moi."
Maes eut un sourire navré.
"Il faut respecter le protocole, tant que nous vivons là. Mais avant, j'aimerais tenir un peu ma petite fille dans mes bras, si tu veux bien."
Il avait toujours eu un peu de mal avec Maléa, mais il espérait se rattraper.
"Alors, comment l'appeler... J'hésite beaucoup."

"Quand elles seront parties, tu pourras revenir si tu en as envie, pour la petite. Mais je pense qu'on dormira. J'ai fait ton éloge auprès de mon mari, en disant que tu étais un bon valet, et discret, c'est pour ça que je te gardais souvent toi, et pas les autres. En disant que tu ne me dérangeais pas. Il n'a rien demandé d'autre..."
Elle bailla avant de lui poser sa fille dans les bras.
"Tient, la petite beauté. Lana ? Ca lui va bien je trouve."

"Une chance qu'il soit aussi limité qu'il en a l'air..."
Maes prit mille précautions avec sa fille. Il soutint sa tête en y prenant bien garde. Il n'était pas totalement à l'aise, mais il voulait faire des efforts.
"D'accord pour Lana. Elle est si belle..."
Il hésita. Quelque chose lui trottait dans la tête, mais il n'en avait jamais parlé.
"Méline... J'aimerais savoir... Je n'ai jamais osé te le demander, mais quand je l'ai perdue de vue, Maléa avait deux mois. Comment était-elle, en grandissant?"

"Elle était magnifique."
La jeune femme eut un sourire triste. Elle avait réussi à tourner la page, mais la mort de Maléa était toujours assez douloureuse quan dil fallait en parler, et les larmes lui venaient souvent.
"Elle avait des cheveux mi long aussi noirs que les tien. Elle te ressemblait beaucoup. On pouvait voir tes traits sur son visage, elle était toujours souriante, et en train de rigoler. Il en fallait très peu pour la faire rire. C'était mon rayon de soleil qui venait chasser la noirceur de ta mort. Elle m'a beaucoup aidé..."
Méline caressa doucement la joue de son aimé.
"Elle ne parlait pas très bien par contre, mais faisait de gros efforts. Puis elle est tombé malade, et elle a arreté de sourire. Je suis certaine qu'elle aurait aimé te connaitre. Son papa, meme si elle l'a rapidement perdu de vue, devait lui manquer..."

"Je ne sais pas. J'ai beaucoup pensé à vous deux, en prison."
Maes berça timidement Lana contre lui. La petite se blottit contre son torse chaud et musclé, et referma son petit poing sur un pli de tissu. Elle laissa échapper un petit soupir de bien-être, et ne broncha plus.
"Est-ce que... tu lui avais parlé de moi?"
Il avait besoin de savoir. Beaucoup de questions qu'il se posaient étaient sans réponse depuis longtemps.

"Oui, je lui ai parlé de toi, souvent... Mais elle ne pouvait pas comprendre, et meme avec tout les efforts du monde, elle ne pouvait pas comprendre ce qu'était un père."
Méline passa ses doigts dans les cheveux de sa fille.
"Quand je parlais de toi, elle disait papa, mais ça ne se raccordait à rien pour elle."
Elle soupira.
"Je suis désolée de ne pas avoir réussi à m'en occuper correctement. Si j'avais fait plus attention, elle serait encore parmis nous... Pardonne moi..."
La jeune femme baissa son regard sur ses mains."

"Non, tu n'y es pour rien. Je suis sûr que tu as fait tout ton possible. Et puis, tu étais jeune à l'époque, c'était d'autant plus difficile."
Maes regarda la petite crevette qui dormait à poings fermés contre lui. Elle se sentait bien, et était calme et sereine. Les longues heures passées à câliner le ventre rond de Méline et à parler au bébé qu'il abritait avaient porté leurs fruits. Le nouveau-né connaissait bien la voix de son père.
"Nous avons une seconde chance avec Lana. Il faudra se débrouiller du mieux que nous pourrons."
Il déposa doucement un baiser sur la tête de sa fille. Elle poussa un petit gémissement dans son sommeil. Il eut un sourire attendri.
"Il faudrait peut-être que je te la rende."

"Profite en encore tant que tu es là."
Elle lui laissa encore un peu, puis la récupéra.
"Ce n'est pas pour te mettre dehors, mais est ce que tu peux aller chercher les femmes pour mon bain. Si elles ne sont pas là d'ici dix minutes, dit leur de repasser plus tard, car je dormirai."
Méline embrassa une derniere fois Maes.
"Je suis épuisée mon coeur..."

"Je comprends. Tu as mis un bébé au monde, c'est normal."
Maes eut un sourire.
"On se sent plus légère?"
Il regarda Lana, pelotonnée dans son berceau, puis se leva.
"Je vais appeler les servantes. Repose-toi bien."

Lorsque Maes se leva, Méline lui affleura tendrement le bout des doigts des siens en souriant.
"Je t'aime."
Elle ferma finalement les yeux, et s'endormit avant même que Maes ne soit dehors. Elle était épuisée.