Calligraphie dorée [neutre PV Niiye]

Niiye et Eliott avaient galopé toute la journée sur le dos de Valaraukar. Et ils étaient enfin parvenus à Jade. L'étalon fatiguait de plus en plus et le jeune homme descendit de son dos, pour lui faire un poids en moins à porter. Puis, le tenant par la bride, il chercha une auberge avec une écurie, pour sa monture. Il finit par trouver et s'y rendit, laissant le Frison dehors, sa cavalière sur le dos. Pénétrant à l'intérieur, il s'adressa au gérant, lui demandant les prix de deux chambres et un box pour quelques jours. Le montant était légèrement trop élevé... Il changea sa demande, abrégeant un peu leur séjours. Toujours trop cher... Il soupira et finit par demander une petite chambre, avec l'écurie en plus. C'était enfin dans leurs prix. Une fois la chambre payé, le gérant appela un palfrenier pour qu'il s'occupe de la monture de son client. Eliott l'accompagna pour emmener Niiye et leurs affaires dans la chambre qu'ils devraient partager. Il laissa son cheval entre les mains du jeune homme, sâchant pertinemment que le Frison savait très bien se défendre. Arrivé dans la pièce, le Prince soupira.

"Je suis désolé de ne pas pouvoir t'offrir plus de luxe... On risque d'être un peu... serrés les quelques jours à venir..."

En effet, dans un angle, il y avait un lit pour une personne et demie. Une simple armoire à l'opposée, une bassine d'eau près de la fenêtre, et une table de chevet, près du lit, avec un chandelier et une bougie, presque entièrement fondue. Il soupira.

"Vraiment désolé..."

A cause de la longue chevauchée, Niiye était toute courbaturée et elle fut bien contente de s'arrêter au pays de Jade. Bien sûr, entre temps, elle avait profité du paysage, mais là, plus rien ne l'importait à part du repos. Elle suivit Eliott jusqu'à leur chambre et lui sourit doucement lorsque le prince s'excusa.

"Tu savais très bien que tu aurai pu me demander de l'argent, Eliott. Je ne te l'aurai pas refusé."

La jeune femme s'approcha de la petite et unique fenêtre que la chambre possédait et s'empressa de l'ouvrir. L'odeur de renfermé et de cire fondue qui flottait dans la pièce pourrait ainsi s'en aller et permettre aux deux amis de sentir de l'air pur. Puis, elle posa son sac dans un coin et se retourna une fois de plus vers son compagnon :

"Mais bon. J'ai vécu une bonne partie de ma vie dans un orphelinat sordide alors le manque de luxe et la promiscuité ne me gênent plus le moins du monde. J'espère que... la proximité ne te gênera pas trop."

"Que... Hein ?!"

A dire vrai, il avait totalement oublié ce détail. Mais vu la taille du lit, s'il voulait tenir à deux dedans, ils allaient devoir être très serré. Le jeune homme soupira, rougissant légèrement, mais n'en tint pas compte et chassa toutes pensées étranges de sa tête. Finalement, il lui répondit.

"Je ne comptais pas le moins du monde te prendre de l'argent, que tu as gagné comme tu as pu. Je suis un ancien Prince à la base, ça ne devrait pas être à toi de payer..."

A dire vrai, il s'en voulait de ne pouvoir offrir que ça à la jeune femme. Oui, ça, il en avait honte... Mais il n'y pouvait rien, et cela l'énervait d'autant plus. Après tout, comme il l'avait dit, il était un Prince ! Il soupira et finit par déclarer.

"Dans quelques jours, je t'apprendrai les bases de l'écriture, et je crois que nous en aurons presque fini avec les Lettres. Nous attaquerons l'algèbre, et peut-être autre chose, si tu veux... Ensuite... Nous verrons bien..."

Le blond ne pensait pas à la suite à dire vrai, il ne voulait que vivre l'instant présent. A force de trop se projeter dans le futur, comme il l'avait fait étant enfant, il ne pensait que très peu à l'avenir. Mais, peut-être que Niiye avait remarqué quelque chose qui lui avait échappé à lui, à cause de ça...

Niiye, en son for intérieur, rigola lorsqu'elle vit son ami rougir. C'est vrai qu'ils allaient être très serrés... la jeune femme se détourna pour cacher son visage qui prenait à son tour une teinte rougeâtre. Elle venait de s'imaginer dans les bras chauds et protecteurs d'Eliott. S'efforçant de penser à autre chose, elle regarda son compagnon :

"Tu es un ancien prince, oui, mais tu as été banni, donc tes richesses sont à présent derrière toi. Et puis, mes économies me servaient à me loger, alors, ne t'inquiète pas, tu pourras me demander la prochaine fois..."

La prochaine fois... combien y aurai t-il encore de "prochaine fois" ? Combien de temps allaient-ils encore rester ensemble ? Niiye aurait bien aimé lui demander de lui apprendre n'importe quoi pour pouvoir rester avec lui. Mais, ce n'était pas possible... elle s'était quand même promis de trouver un travail après avoir appris auprès d'Eliott. Elle ne savait plus ce qu'elle voulait, maintenant. Et, au moment de la séparation, est- ce qu'elle oserait lui dire ce qu'elle pense ?
Toutes ces questions donnèrent à Niiye mal à la tête. Pour se changer les idées, elle rangea ses quelques affaires dans l'armoire et fit le lit, qui bien sûr, vu le prix de la chambre, n'était pas fait.

Eliott egarda la jeune femme, et, la voyant rougir, sentit ses joues s'embraser de nouveau. Il secoua la tête, chassant toutes ses pensées. Puis, il fouilla dans son sac, cherchant ses affaires. Il remarqua alors que rien n'était pêt pour la leçon d'écriture. Il soupira et sortit un pachemin, une plume de cobeau et un encrier. Il regarda la demoiselle et lui fit signe de s'approcher.

"Bon, je te montre juste le pincipe, comme ça tu vois, tu mémorises déjà..."

Il sourit, tenant délicatement la plume pour ne pas l'abîmer. En effet, il ne fallait pas enfoncer trop la plume, pour éviter de déchirer le papier, et si on était trop raide, l'écriture était ratée. Manier la pointe d'une plume était assez complexe. Il commença donc à écrire, et remarqua le regard relativement intéressé de l'ancienne tueuse. Il s'écarta et lui tendit la plume, pour qu'elle copie les letres du dessus. Mais visiblement, elle avait quelques difficultés à manier l'objet.

Il s'approcha, se mettant dans son dos. Puis, doucement il mit sa main sur la sienne, l'aidant à tenir la plume de manière sûre, sans trembler. Il avait sa tête proche de la sienne, ses lèvres près de son oreille. Il l'aida alors à tracer les lettres, sa main dans la sienne, son dos contre son torse.
"Détends toi... Il faut que la plume soit comme une terminaison de ta main. Maîtrise là, ne la craint pas... Doucement, comme ça..."

Il lui donnait des indications pour ne plus avoir le poignet raide. Et, il se sentit rougir, mais n'en tint pas compte. Contre la jeune femme, il ne prenait plus conscience de beaucoup de chose, mis à part de lui et d'elle.

Niiye s'approcha et regarda Eliott écrire quelques mots, qu'elle savait maintenant déchiffrer, sur le papier. Il maniait la plume comme un pinceau, couvrant la feuille blanche de lettres habilement dessinées comme un artiste étalait des couleurs sur sa toile. La jeune femme s'émerveilla et espéra pouvoir rapidement écrire comme ça, elle aussi. Elle prit la place de son ami avec beaucoup d'envie, mais remarqua tout de suite que la tâche allait être ardue. La plume déchirait le papier par endroit et bavait. Niiye fut bien contente de recevoir de l'aide de l'ancien prince, mais elle sursauta très légèrement lorsqu'il posa sa main sur la sienne. Elle se re-concentra bien vite et ne put que rougir jusqu'aux oreilles lorsqu'il approcha ses lèvres. Et lorsqu'elle sentit son torse musclé se poser délicatement contre son dos, Niiye respira un grand coup et continua à tracer les lettres sur le papier. Pendant les dizaines de minutes qui suivirent, l'ancienne tueuse profita bien de la chaleur réconfortante d'Eliott contre elle, et vit à gros regrets le jeune homme s'éloigner d'elle lorsqu'il fut satisfait des reproductions de Niiye. Épuisée, celle-ci proposa à son ami d'aller manger et il accepta son invitation avec enthousiasme.

Le jeune homme sourit à son élève. Elle était fatiguée, il le sentait, et avait donc décidé de descendre manger, comme elle le lui avait demandé. Il comprenait qu'elle n'ai plus beaucoup d'énergie, ils avaient passé leur journée à cheval, et la soirée à travailler. Autant dire, beaucoup de chose en une seule journée, pour deux corps fourbus suite à des voyages récents. Qui plus est, il y a peu de temps, la demoiselle avait fait une chevauchée d'une journée complète vers Rubis. Il soupira. Il en avait sûrement trop fait. Il se passa une main dans les cheveux, gêné. Il l'aida à descendre. Une fois attablé, ils passèrent commande, et il finit par s'excuser.

"Je suis désolé de t'avoir fait travailler ce soir. Je n'aurai pas dû... Tu as l'air fatiguée..."

Par réflexe, il saisit sa main doucement, souhaitant sincèrement s'excuser. Il ne savait pas comment s'y prendre, très gêné. Et se sentit bête en prenant réellement conscience de sa main dans la sienne. Peut-être allait-elle mal réagir...? Il n'en avait pas la moindre idée...

Les muscles endoloris, Niiye eu du mal à descendre l'escalier et accepta volontiers l'aide d'Eliott. N'exerçant plus le métier de tueuse, elle ne s'entrainait plus régulièrement, n'utilisait plus ses muscles et perdait de la souplesse. Alors, forcément, lorsqu'elle sollicitait sa force, elle revenait, mais accompagnée de grosses courbatures. La jeune femme se laissa tomber sur sa chaise et attendit que quelqu'un veuille bien prendre leur commande. Ceci fait, elle vit Eliott s'excuser.

"Je suis fatiguée, c'est vrai. Mais je suis contente d'avoir pu commencer à apprendre dès ce soir. Et puis, après une bonne nuit de sommeil, ça ira mieux !"

Lorsque son ami lui prit la main, un doux sourire illumina le visage de Niiye. Elle ramena sa main libre vers l'autre et la posa au-dessus de celle d'Eliott. Le contact doux et chaud des mains de l'ancien prince lui faisait du bien. Ils restèrent quelques temps comme ça, les mains les unes dans les autres, puis l'aubergiste leur apporta enfin de quoi se restaurer. Ils mangèrent goulument tout en discutant, payèrent, puis remontèrent dans leur chambre. Avec l'intention de se coucher tout de suite, Niiye enleva ses épaulettes et ses mitaines, ne gardant plus que son sarouel et ses bandages sur la poitrine. Pour la première fois, elle croisa les bras sur les formes que les bandages moulaient, tout en rougissant quelque peu. Le regard d'Eliott sur elle l'importait beaucoup plus qu'avant. Surprise et un peu énervée par sa réaction, elle se détourna pour cacher le rouge qui gagnait son visage.

Après un bon repas, et une discussion amicale entre eux, ils remontèrent tous deux dans la chambre, souhaitant se coucher le plus tôt possible, tous les deux fourbus par cette journée. L'été faisait monter la température, et Eliott n'eut d'autres choix que de retirer tous les vêtements qui couvrait son torse. Il n'aurait pas supporter de passer une nuit complétement vêtu. Il poussa un soupir, un peu gêné. Il espérait que ça ne dérange pas la jeune femme. Elle lui dit que non, il n'y avait pas de grand problème. Il rougit en remarquant qu'elle masquait sa poitrine comme elle le pouvait... Il apercevait néanmoins ses formes, qui la rendait de plus en plus attirante... Secouant la tête, devenant écarlate, il s'éclipsa dans la pièce d'à côté pour retirer ses protections aux niveaux des jambes, avant d'ôter son pantalon, pour mettre quelque chose de plus court, mais qui arrivait tout de même un peu en dessous des genoux. Il sortit de la pièce, posant ses vêtements sur son sac. Niiye était déjà allongée. Il rougit un peu, et se glissa lui aussi sous les draps.

"Bonne nuit, Niiye..."

Sa main effleura celle de la jeune femme. Il dormait sur le côté, pour prendre le moins de place possible. Mais, dés qu'il faisait un mouvement il touchait son amie. Et il se sentait aussitôt rougir. Dans la pénombre, ça ne se voyait pas. Mais son coeur pulsait avec force dans sa poitrine. Il avait peur. Peur qu'elle lui en veuille, de ne pas pouvoir empêcher ses contacts. Cependant, il n'y pouvait rien... Et impossible pour lui de trouver le sommeil. Surtout que, mis à part quelques membres facilement reconnaissables au toucher, comme les mains où les pieds, de temps en temps, sa main effleurait un bout de tissu, près de son ventre. Il ne pouvait pas savoir qu'il caressait là involontairement la hanche de son amie. D'ailleurs, ce n'était pas dans ses intentions. Mais... il était tendu, et s'agitait un peu, sans en faire trop. Il poussa un discret soupir, se disant qu'il ne dormirait pas tout de suite...

Le rouge gagna encore plus le visage de Niiye lorsqu'elle détourna la tête juste pour regarder discrètement Eliott, et fut soulagée de le voir quitter la pièce. Maudissant sa capacité à rougir, elle se glissa sous les draps et se coucha sur le côté, regardant dehors par la petite fenêtre de leur chambre. La jeune femme laissait vaquer ses pensées vers Eliott. Ce qu'elle ressentait pour ce beau jeune homme grimpait en flèche et ça la tracassait un peu. Elle aimait bien toujours avoir le contrôle de la situation, et surtout d'elle-même. Et ce n'était pas vraiment le cas en ce moment.
Lorsque l'ancien prince ouvrit la porte et se coucha à son tour, Niiye revint sur terre. Ils étaient tout deux sur le côté, dos à dos, mais malgré toute leur bonne volonté, la taille du lit faisait qu'ils ne pourraient pas empêcher les contacts. La jeune femme sursauta un peu au début, mais se calma bien vite, même lorsque Eliott passait - involontairement, elle en était sure - une main sur ses hanches. Sachant qu'il ne dormait pas, et qu'il était gêné par ces gestes involontaires, elle voulut mettre ça au clair.

"Eliott... tu sais, je sais que ça te gêne tout ces contacts involontaires, mais si c'est le cas, ne soit pas gêné à cause de moi. Ça ne me dérange pas."

Sur ces mots, la jeune femme se tourna et se rapprocha de son ami, puis posa délicatement sa tête sur l'omoplate d'Eliott. Le contact du jeune homme l'apaisait, la rassurait. Toutes ces questions s'envolaient pour ne plus laisser place qu'à l'instant présent.

Il s'arrêta subitement en sentant la jeune femme contre lui. Son coeur rata un battement et le rouge lui monta aux joues de manière rapide. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait mais savoir que Niiye ne lui en voulait pas le rassurait un peu. Il eut un petit sourire, heureux de la sentir contre lui, en sâchant pertinemment qu'ele avait fait comme elle l'entendait. Il ferma les yeux, toujours souriant. S'il s'interrogeait sur ses sentiments, il comptait bien tirer tout ça au clair avec lui-même, avant de voir avec la jeune femme. Il eut un frisson de peur, qui ne se remarqua. S'il comprenait bien, lui la voyait comme une amie proche, peut-être trop proche... Mais elle ? Qu'est ce qu'elle ressentait dans tout ça ? La seule chose que savait Eliott au niveau des sentiments, il l'avait apprit dans les livres. Et, inexorablement, un des ouvrages qu'il avait lu lui revint en mémoire. Oui, s'il comparait, les sentiments se ressemblaient, bien que le jeune homme soit timide, et maladroit. Ca voudrait cependant dire... qu'il la considérait autrement ? Peut-être... mais il n'était pas très certain. Est ce qu'elle était une soeur, une complice, une petite amie...? Il ne savait pas, et tout se mélangeait dans sa tête. Il poussa un soupir, décidant de ne pas y prêter plus d'attention. Il jeta un discret coup d'oeil à la demoiselle, avant de fermer les yeux, pour s'endormir, le coeur battant. Il murmura cependant une dernière fois.

"Dors bien Niiye..."

Posée contre Eliott, Niiye entendait chaque battement de son coeur et chaque respiration. Ces rythmes réguliers l'apaisaient et elle trouva rapidement le sommeil. Sa nuit fut habitée par des rêves, tous plus heureux et plus fantasques les uns que les autres. Ils parlaient de l'ancien prince et d'elle, de leurs vies futures qui se retrouvaient mêlées l'une à l'autre, de leurs promesses irréalisables et de leurs rêves incroyables. Au petit matin, lorsque la jeune femme se réveilla, un sourire béat sur le visage, elle ne s'était jamais sentie aussi bien. Eliott dormait encore, ce qui était rare. Alors, elle se leva, s'habilla sans un bruit et descendit prendre son petit-déjeuner, en espérant que le jeune homme ne se réveillerai pas entre temps. Une fois restaurée, elle commanda un autre petit déjeuner qu'elle amena discrètement avec elle lorsqu'elle remonta dans la chambre. Elle le posa sur la petite table et de la chambre, et continua à s'entrainer à l'écriture en attendant le réveil de son ami.

Eliott entrouvrit un oeil en sentant une bonne odeur de nourriture dans la pièce, ainsi qu'un léger grattement sur du papier. Il s'étira, faisant craquer ses muscles et bâilla un peu, totalement endormi. Il se redressa, se passant une main sur le visage. Il avait passé une excellente nuit, et il aurait donné cher pour se recoucher et repasser une telle nuit. Il tourna la tête vers le bureau... et eut un léger sourire en voyant Niiye penchée sur un parchemin, en train de s'exercer à l'écriture. Il se leva silencieusement, pour ne pas la déranger, et enfila une grande chemise blanche, un peu ouverte sur le torse. Il se pencha pour voir où elle en était. Quelques ratures, mais des erreurs d'inatentions, et aucun trou dans le papier. Quelques tâches d'encres, par-ci, par-là. Il eut un léger rire. Il repéra alors le plateau contenant quelques victuailles. Visiblement, elle ne l'avait pas encore vu...

"Bonjour Niiye ! Tu as bien dormi ? Merci pour le petit déjeuner !"

Elle eut un sursaut, visiblement surprise. Il se mit à rire, assis en tailleur sur le lit. Il était d'une excellente humeur, se sentant tout joyeux, heureux, tout bêtement. Il n'avait pas été comme ça depuis un bon moment, et un large sourire illuminait son visage.

Surprise, Niiye fit un bon sur sa chaise. Elle n'avait pas entendu et encore moins vu Eliott, tellement elle était concentrée sur les lettres à recopier. Sous l'effet du mouvement brusque, la plume déchira le papier mais la jeune femme ne s'en rendit pas compte : toute son attention était à présent dirigée vers son ami.

"Bonjour ! Oui, j'ai très bien dormi, merci. Et de rien pour le petit déjeuner !"

Elle lui offrit son plus beau sourire et alla s'assoir sur le lit avec Eliott. Ils discutèrent de tout et de rien pendant qu'il se restaurait, puis décidèrent du programme de la journée : Ils iraient visiter Jade et déjeunerai comme ils pourraient, avec la chasse et la pêche. Ensuite, ils pourraient se balader sur Valaraukar et rentreraient pour que Niiye se perfectionne à l'écriture. Tombés d'accord, ils discutèrent de quelques détails puis sortirent de leur chambre et quittèrent l'auberge.

Tout se déroula comme il l'avait prévu. Une fois s'être lavés et habillés, ils étaient tous les deux sorties, presque main dans la main. Et effet, leus paumes respectives caressaient de temps à autre, la main de l'autre. Ils commencèrent à flâner, allant où bon leur semblait, à pied. Ils regardaient les marchands qui étalaient face aux passants, des étoffes, produits, bijoux, herbes et armes de tout pays. La monnaie passait de main en main, de même que ces produits bon marché venus d'autres régions. Eliott sourit. Ils devraient penser à se confectionner d'autres flèches prochainement. Surtout s'il voulait aller chasser avec Niiye. Enfin, ce n'était pas le moment. de penser à ça... Après tout, son carquois était presque plein... Il s'arrêta surtout devant un étalage de livres, papiers et plumes en tout genre. Ca faisait bien longtemps qu'il n'avait rien lu de nouveau, et il auait bien aimé pouvoir se prendre un livre. Mais les finances étaient les finances... Le loisir attendrait... Il sourit à la jeune femme, et, sentant qu'il allait bientôt être l'heure de partir en chasse, il lui prit doucement la main et l'entraina vers la forêt.

Après s'être bien éloigné du village, Eliott prit son arc dans sa main, le tenant fermement, prêt à décocher une flèche au moindre signe de vie animal. C'était un tireur expérimenté, qui savait viser. Lorsqu'une perdrix s'envola, il encocha une flèche et tira tout aussi vite. Quelques secondes plus tard, l'oiseau tombait à leurs pieds. C'était certes cruel pour l'animal, mais ils n'avaient pas le choix... Le jeune homme sourit à son amie, commençant à préparer de quoi faire un feu.

Une sensation de bien-être envahissait Niiye. Chaque fois que leurs mains se touchaient, un frisson de plaisir traversait le corps de la jeune femme. Elle continua à flotter sur son petit nuage lorsqu'ils passèrent devant les étalages remplis de babioles mais aussi de richesses en tout genre. Elle fit semblant de s'intéresser aux armes reluisantes dont les marchands vantaient les mérites, mais son esprit était ailleurs. Elle rêvait éveillée...
Lorsque leurs estomacs leur firent sentirent qu'il était temps de déjeuner, ils s'éloignèrent encore plus du village et Eliott repéra bien vite une proie. Tireur émérite, il tua la perdrix du premier coup, laissant son amie bouche bée.

"Quel talent !"

Le jeune homme la remercia, niant d'être un si bon archer comme le prétendait Niiye, tout en commençant à préparer un feu. L'ancienne tueuse se proposa pour aller ramasser quelques branches, et s'engouffra un peu plus dans la jungle luxuriante typique de Jade. Ils allaient difficilement trouver quelque chose pour faire un bon feu, les lianes n'étant pas très appropriées pour cela. Malgré tout, elle trouva un arbre dont le bois semblait adéquat et trancha, n'ayant pas d'autres moyens, quelques branches avant de les rapporter à Eliott.

Eliott se passa une main dans les cheveux, un peu gêné par le compliment de son amie. C'était plus un coup de chance qu'autre chose. Néanmoins, il dut admettre que cela lui faisait vraiment plaisi qu'elle lui dise ça... Il se détourna, faisant semblant de plumer l'oiseau, mais surtout, cachant son léger rougissement. Il continua de s'occuper de l'animal, terminant de le préparer... Il avait commencé à disposer un cercle de pierre, pour limiter le feu... Prenant une de ses flèches ratées car, pas ssez droite, et trop épaisse, il embrocha l'oiseau dessus. Il récupérerait la pointe de pierre... Mais il ne pouvait pas rattraper son erreur sur cette arme. Il prit les morceaux d'écorces et les branches que lui donnait Niiye. Les disposant de sorte à laisser le feu respirer, il parvint à l'allumer en tapant avec force deux pierres l'une contre l'autre. Econome, il utilisait les futures pointes de ses flèches. Il avait appris à faire le maximum de choses en un minimum de temps, car parfois, ses clients ne lui laissaient pas le temps de s'armer... Et s'il n'avait pas de flèches, il n'avait que son épée pour combattre. Enfin, c'était déjà ça...

Plaçant l'animal au-dessus des flammes, il se mit près de la jeune femme, lui souriant. Ses prunelles argentées se perdant dans le brasier, il finit par prononcer quelques mots, rougissant un peu, bien que les flammes masquent un peu ses joues rouges.

"C'est une belle journée, n'est ce pas ? La passer avec toi, comme ça, au calme... Je trouve ça vraiment bien... Ca faisait longtemps que je n'avais pas vécu d'aussi beaux jours..."

» Niiye, assassin pour vivre